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«La priorité d'une politique étrangère européenne cohérente doit être la promotion de la démocratie et des droits de l'homme » - Laima Andrikienė
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Laima Andrikienė est la vice-présidente de la sous-commission parlementaire des droits de l'homme
Session plénière du 13 au 16 décembre
Les droits de l'homme sont à l'honneur de la session plénière de décembre. Mercredi matin, avant la cérémonie du Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, les députés débattront de la situation des droits de l'homme dans le monde. Ils voteront une résolution sur le sujet jeudi. En avant-première, nous avons pu interroger son auteur, la Lituanienne Laima Andrikienė (Parti populaire européen).
Votre rapport ressemble à une longue liste de violations des droits de l'homme dans le monde. Quelles sont celles qui inquiètent le plus le Parlement européen ?
Laima Andrikienė : Les violations des droits de l'homme sont toujours très répandues. Elles prennent de nouvelles formes avec la crise financière et économique, le changement climatique, les nouvelles technologies et la lutte contre le terrorisme.
La crise économique a touché principalement les droits des plus pauvres. Le changement climatique pourrait faire beaucoup de tort aux pays en voie de développement et aux pays de l'extrême nord de la planète. Les détournements d'internet, la censure et les atteintes à la vie privée sont de nouveaux abus des droits de l'homme.
Le rapport du Parlement ne liste pas uniquement les problèmes, il avance aussi des solutions. Il se penche sur l'abolition de la peine de mort, les violences contre les femmes, la protection des droits des enfants, la lutte contre la torture, la protection des défenseurs des droits de l'homme, la promotion de la démocratie et de la liberté religieuse etc.
Il évalue également le rôle de l'Union européenne (UE) aux Nations unies, le Conseil des droits de l'homme, la coopération de l'UE avec le Tribunal pénal international et, plus important, la mise en œuvre des lignes directrices de l'UE sur les droits de l'homme.
Quel est le maillon faible de la politique de l'UE en matière de droits de l'homme ? Que faire pour améliorer son efficacité et sa cohérence ?
LA : Le plus grand espoir vient de la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Il représente une chance historique de combler les carences de l'UE. Nous appelons donc le Service européen d'action extérieure (SEAE) à refléter les objectifs et l'esprit du traité de Lisbonne. La priorité d'une politique étrangère européenne cohérente doit être la promotion de la démocratie et des droits de l'homme.
Au sein du SEAE, nous souhaitons une Direction des droits de l'homme et de la démocratie pour développer une stratégie européenne sur ces sujets. Nous demandons également à la Haute représentante Catherine Ashton de créer un poste de Représentant spécial pour les droits de l'homme.
Laquelle de vos dernières visites dans des pays ne respectant pas les droits de l'homme vous a laissé la plus forte impression ?
LA : Sans aucun doute une mission dans le Nord-Caucase à la fin de l'été. Les impressions recueillies en Ossétie du Nord et en Ingouchie ont rendu toutes les autres visites bien fades.
L'ambiance est lugubre dans cette région de la Russie : Tchétchènes et Ossètes privés de droits, terreur, impunité, familles des victimes de la tragédie de Beslan (une prise d'otage dans une école en 2004 qui a fait plus de 300 morts, en grande partie des enfants, ndlr) qui attendent toujours que justice soit rendue…
A Moscou, les expériences les plus frappantes ont été le procès de Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev et la manifestation d'opposition sur la place Triumfalnaya. Il ne faut pas oublier Khodorkovski, ancien dirigeant de la compagnie pétrolière Ioukos ruiné par les autorités russes. Cet homme intelligent qui respire la paix est en prison pour avoir défié le pouvoir russe.
Quelles sont les actions du Parlement européen en faveur de la paix qui ont été les plus efficaces ?
LA : Je ne crois pas que l'opposante birmane Aung San Suu Kyi aurait été libérée sans la pression exercée par l'UE et le monde démocratique dans son ensemble. Les résolutions du Parlement européen ont joué leur rôle.
Un autre exemple frappant est celui des 50 prisonniers cubains libérés cet été. Les efforts et la position claire du Parlement européen ont sans aucun doute eu un effet positif.
En Russie, après les prises de position de l'UE et particulièrement celles du Président du Parlement, Jerzy Buzek, l'opposition a finalement pu organiser des manifestations pacifiques place Triumfalnaya et ailleurs.
J'aimerais que cette liste soit bien plus longue. Cela signifierait que plus de gens de par le monde peuvent exercer leurs droits et retrouver espoir en une vie meilleure et plus juste.
www.europarl.europa.eu/news/public/focus_page/008-106348-001-01-01-901-20101203FCS06328-01-01-2006-2006/default_p001c006_fr.htm
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